Je peux m’arrêter de boire plusieurs jours consécutifs sans souci mais quand je bois, je dépasse les limites, je ne crois pas être alcoolique, qu’en pensez-vous ?

La réponse de Micheline Claudon

Qu’il est dur ce terme “d’alcoolique”, empreint de jugement et finalement peu précis. Vous le percevez vous-même, il est entrave à la liberté de l’être. On lui préfère aujourd’hui celui de trouble de l’usage de l’alcool. Il se définit précisément par 11 critères, le nombre de ces critères permettant de déterminer le sérieux du trouble (léger, modéré, ou sévère). Cette classification internationale des troubles psychiques (et parmi eux celui de l’usage de l’alcool) est diagnostiqué dans le manuel DSM-5. Vous pouvez le trouver facilement sur Internet.

Le premier constat démontre que la gravité du trouble est davantage liée à l’envahissement psychique (temps passé à penser à la consommation ou à se procurer de l’alcool) qu’à la quantité du produit consommé.

La perte de contrôle fait partie de ces critères et semble s’appliquer particulièrement à votre situation. En effet, vous pouvez interrompre votre consommation mais lorsque vous la reprenez, vous dites dépasser les limites. Il y a nettement un écart entre ce que vous souhaiteriez consommer et la réalité de votre consommation. C’est un constat courageux de votre part.

Comme toute personne, qui n’est pas encore physiquement dépendante, vous pouvez vous abstenir de boire plusieurs jours consécutifs (et même plusieurs semaines voire plusieurs mois), ce qui peut être en apparence rassurant mais qui n’exclut en rien la perte de contrôle. Et c’est cette dernière qui définit l’addiction.

Avez-vous songé à rencontrer un professionnel, médecin addictologue ou psychologue, ou à faire une évaluation précise des conséquences de ces pertes de contrôle ? Les associations spécialisées présentes sur cette page pourront vous orienter. Des sites dédiés comme www.addictaide.fr sont aussi de bons vecteurs pour découvrir les différentes techniques qui peuvent être mises en place au cours de cet accompagnement.

Ne restez pas isolé, parlez-en si vous le souhaitez à des personnes de confiance, qui vous aideront à vous réconcilier avec votre image, à dissocier ce constat de toute connotation morale qui ne peut qu’entraver le succès de la démarche.

Le Christ, dans l’Évangile, pose un regard d’amour sur chacun. Il nous invite à entrer dans ce même regard. Je vous souhaite de poser ce regard sur vous-même afin de retrouver une saine estime de vous. Il nous promet la Lumière. Je vous souhaite de trouver la force de l’accueillir. Pour cela, nous prions avec et pour vous.