La réponse de Micheline Claudon
Quelle souffrance ce doit être pour vous. Et pour votre femme. Le fait de « boire en cachette » signe l’enfermement, et par conséquent la douleur qu’elle vit d’être prisonnière de sa dépendance.
S’il s’agit d’abord d’une dépendance physique (son corps réclame de l’alcool, qui lui est visiblement nécessaire pour survivre), le sentiment de honte peut devenir encore plus aigu chez une femme : aux yeux de tous, cet acte marque l’alcoolisme dans ce qu’il a de dégradant.
Avant de lui parler, il est important que vous compreniez à quel point la honte l’empêche de demander de l’aide. Pour cela, des documents ou autobiographies (notamment « Toute honte bue » de Laure Charpentier) ou des témoignages proposés sur les sites dédiés (comme www.addictaide.fr) sauront vous éclairer et vous guider.
L’alcool arrive insidieusement dans une vie. Il prend d’abord sa place dans l’espace psychique (on y pense souvent dans la journée), puis dans la vie quotidienne (on abandonne certaines activités) pour enfin devenir "totalitaire" (il exige des prises de plus en plus fréquentes pour éviter le manque). À ce niveau, l’alcool s’apparente à une drogue dure telle que l’héroïne, marquant son territoire par la souffrance du "manque".
Mais à la différence d’une drogue dite “dure”, l’alcool fait partie intégrante de notre culture et accompagne tous les beaux moments de nos vies (baptême, mariage, anniversaire, succès...). C’est un attribut de la fête et de la joie. Par ailleurs, il est en quelque sorte sacralisé, « fruit de la vigne et du travail des hommes », et se doit d’être consommé de façon conviviale. Ce qui explique votre désarroi quand vous découvrez que votre femme boit "en cachette"
Votre femme s’est aidée de l’alcool, pour étouffer sûrement des souffrances intimes qu’elle ne pouvait exprimer par des mots. Lorsque vous aurez mieux compris ce mécanisme, vous pourrez vous rapprocher d’elle en lui signifiant votre présence libre de tout jugement et votre désir de lui venir en aide, comme vous le feriez pour une autre maladie. Ce sera l’étape pour elle et pour vous de rencontrer de vrais professionnels (médecin, psychiatre, psychologue), en étant vigilant sur leur compétence en addictologie. N’hésitez pas à contacter les associations d’écoute que vous pourrez trouver sur cette page.
Votre rôle peut être alors de lui proposer d’entendre la souffrance psychique qui se dissimule derrière cet acte puis de l’aider à mettre en mots cette souffrance. Cette main tendue.
Jésus-Christ a vaincu la mort, pour que nous ayons la vie en plénitude. Et c’est ce que la foi en lui invite à croire : que l’amour est plus fort que la mort. Aucune souffrance n’est alors une entrave au vrai bonheur. Notre prière vous accompagne sur cette route que vous empruntez à deux.
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