Ô toi, qui que tu sois,
qui te sais vacillant sur les flots de ce monde
parmi les bourrasques et les tempêtes,
plutôt que faisant route sur la terre ferme,
ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre
si tu ne veux pas te noyer durant les bourrasques.
Si surgissent en toi les vents des tentations,
si tu navigues parmi les écueils des épreuves
regarde l’étoile, appelle Marie.
Si tu es ballotté sur les vagues de l’insolence et de l’ambition,
du dénigrement ou de la jalousie,
regarde l’étoile, appelle Marie.
Si la colère, l’avarice ou les désirs de la chair
secouent l’esquif de ton âme,
regarde vers Marie.
Si, troublé par la démesure de tes crimes,
confus par l’infection de ta conscience,
terrifié par l’horreur du jugement,
tu commences à sombrer dans le gouffre de la tristesse, l’abîme du désespoir,
pense à Marie.
Dans les dangers, les angoisses, les incertitudes,
pense à Marie, appelle Marie.
Qu’elle ne s’éloigne pas de ton cœur.
Et pour être sûr d’obtenir le suffrage de ses prières,
ne néglige pas l’exemple de sa vie.
En la suivant, tu ne t’égares pas ;
en la priant tu ne désespères pas ;
elle te tient, tu ne t’écroules pas ;
elle te protège, tu ne crains pas ;
elle te guide, tu ne te lasses pas ;
elle te favorise, tu aboutis.
Ainsi par ta propre expérience tu sais à quel point se justifie la parole :
“Et le nom de la Vierge était Marie”.
© 2e Homélie, 17, Œuvres complètes. XX, A la louange de la Vierge Mère, Bernard de Clairvaux, introd., trad., notes et index par Marie-Imelda Huille, O.c.s.o., Joël Regnard, O.c.s.o. Editions du Cerf, 2009.