La réponse de Sœur Germaine Nérôme
On entend souvent : « Personne ne m’aime ». Mais, moi, est-ce que j’ai de l’estime pour ce que je suis ? Est-ce que je m’accorde de la valeur ? Le manque de confiance en soi, les jugements négatifs, les attentes font qu’on s’isole, on s’abandonne à des pensées négatives sur soi, des pensées qui ne laissent pas d’espace pour des désirs valorisants.
Croire qu’on peut être aimé, croire surtout que l’on a quelque chose à donner dans ce monde, que notre existence n’est pas de l’ordre du hasard, mais que Dieu a besoin de nous pour construire notre monde. C’est à nous qu’il l’a confié. La période de l’enfance est souvent influencée par le comportement de certains adultes. Alors, plus tard on s’auto-punit comme on était puni après une bêtise d’enfant. La rancœur, la culpabilité s’y installent et nous privent de cette liberté d’acceptation de soi, d’un vrai sentiment qu’on vaut plus que ça. Une certaine tolérance et de la gentillesse envers soi-même aident à s’en sortir. J’aime et je suis digne d’être aimé.
L’histoire d’Isabelle est un exemple parfait. Jeune femme dynamique, une vie professionnelle épanouissante. Isabelle a connu un long passage à vide. Déprimée, se négligeant dans les moindres petits détails du quotidien. Je ne suis plus rien disait-elle, passant de son lit au fauteuil, du fauteuil à une chaise, de la chaise à son lit et vice versa, pendant des heures. – Mais Isabelle, dans quel état t’es-tu mise ? Mets-toi devant ton miroir, regarde-toi, parle-toi, parle à Dieu. – Dieu ? Il y a bien longtemps qu’il est sorti de ma vie. – Non, Isabelle, Dieu est toujours là, seulement tu ne le vois pas parce que tu vas mal. Parle-lui comme tu me parles, dis-lui tes envies, tes désirs. – Des envies ? Je n’en ai point, je suis au creux de la vague, c’est tout. Cependant, un jour, Isabelle a osé affronter son miroir : « Ah, Seigneur ! Je ne suis pas fraîche, regarde ma tête, il faut que je me lave, que je prenne une douche, que je me coiffe, que je m’habille, c’est beaucoup tout ça, alors il faut que tu m’aides, car seule je n’y arriverai pas, et d’ajouter en riant, comme ça j’attendrai le prince charmant. Ces petites phrases dites et redites, lui ont redonné goût à la vie.
Comme Isabelle, chacun peut trouver un créneau pour vaincre la solitude. Rencontrer d’autres personnes ; on peut trouver des adresses à la mairie où de multiples ateliers existent à travers des associations. Dans beaucoup de paroisses on peut rencontrer des personnes formées à l’écoute, qui peuvent nous orienter vers des groupes existants.
Le monde t’attend, tu es unique, irremplaçable « Tu comptes beaucoup à mes yeux », avant ta naissance je te connaissais, « Tu es gravé sur les paumes de mes mains. »