J’ai consulté, on m’a dit que j’étais borderline et je me sens perdu

En lisant votre message, j’entends combien vous avez été bousculé et ébranlé. Combien vous vous « êtes senti perdu » par une parole reçue, sans doute trop brutalement, de plein fouet. Et je comprends votre désarroi.

Dans le courant de la vie, elle est bien regrettable cette manière que nous avons de vite nous classer les uns les autres et de nous sentir mis dans des catégories réductrices : il est gros, elle est vieille, il est insupportable, il est cancéreux, elle est bigleuse et pour vous « il est borderline ».
Je pense, personnellement, qu’il est toujours bon et important d’entendre une parole qui peut m’éclairer sur moi-même et m’ouvrir à une réalité, mais à la condition qu’elle soit profondément bienveillante et structurante.

Ce n’est jamais le regard qui "dé-visage" mais celui qui "en-visage", avec respect et sans jugement. Il invite à ne pas baisser les bras et à ne pas désespérer de soi-même en restant paralysé et perdu. Il permet de faire la vérité sur soi-même, d’accepter ses limites et ses fragilités, de retrouver le désir de l’estime de soi-même. C’est ce regard qui ouvre, pour chacun, un chemin de confiance et d’avenir, un chemin inespéré et imprévu qui donne la force de se relever et qui conduit à la vie.

Je ne sais pas si vous êtes croyant ; nous n’avons pas eu la joie d’échanger ensemble, mais je partage volontiers avec vous cette parole que le Pape François adressait aux jeunes, en 2016 à Cracovie, au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse : « Que Jésus soit ton GPS sur les routes de la vie ». [1] Puisse-t-il être aussi pour vous un appui et une source d’espérance.

Jésus, lui, en effet, nous révèle le vrai visage de Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde. Il nous regarde avec ce regard même de Dieu qui nous murmure en permanence : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime ». Il nous prend là où nous sommes, là où nous en sommes, au cœur de notre fragile existence ; j’ose même dire de nos existences bien souvent cabossées et il compte sur nous. Il croit en nous. Il espère en nous. Il est le Dieu de la vie : il se porte là où la vie se perd.

Rencontrer des personnes, autour de nous, sur lesquelles nous pourrions compter, peut être bénéfique. Prendre contact avec des associations de notre quartier ou à l’accueil d’une paroisse voisine est, aussi, d’un vrai soutien. A travers ces rencontres, nous pouvons être encouragés à nous tourner vers un professionnel qui saura nous aider. N’hésitons jamais, pour notre propre bien, à entreprendre une telle démarche.

Je suis certain que vous avez en vous les ressources sur lesquelles vous pouvez vous appuyer. Vous aussi, vous êtes concerné, tel que vous êtes, avec vos richesses et vos fragilités, par cette autre parole du Pape François : « Jésus qui regarde tout ce que nous pourrions faire, tout l’amour que nous sommes capables de propager, Lui parie toujours sur l’avenir, sur demain… Il t’appelle à laisser ton empreinte dans la vie… ». [2]

[1Messe pour la Journée mondiale de la Jeunesse, Homélie du Saint Père, Campus Misericordiae, Cracovie, Dimanche 31 juillet 2016.

[2Veillée de prière avec les jeunes, Discours du Saint Père, Campus Misericordiae, Cracovie, Samedi 30 juillet 2016